10 avril 2014

Abidjan : le bouc émissaire de l’affaire Awa Fadiga trouvé

Décidément cette affaire Awa Fadiga ne cessera de faire couler les eaux sous les ponts, en Côte d’Ivoire comme à l’étranger. Je suis certain que vous savez de qui je veux parler ; cette jeune fille (mannequin) décédée le 25 mars 2014 au CHU de Cocody à Abidjan.  Depuis le début de cette histoire j’ai observé les choses de loin, vu la tournure qu’elles prenaient.

Certaines personnes, pensant se sentir plus touchées par la disparition brusque de cette jeune dame, ont fait de leur mieux pour exprimer leur amertume sur les réseaux sociaux. Cela me faisait sourire à chaque fois que je voyais des explications différentes les unes des autres. Mais la décision prise par le gouvernement en Conseil des ministres du 9 avril 2014 concernant cette affaire me fait sortir de ma tanière pour exprimer mon indignation. Et oui, je suis indigné. 

Les autorités de ce pays  « en voie d’émergence » nous ont fait savoir qu’une enquête concernant la mort d’Awa Fadiga était cours. Je ne m’y connais pas trop en droit, maisje pense qu’il faut attendre les résultats de l’enquête avant de prendre des (grandes) décisions relatives à l’affaire. Je pense franchement que cela n’a pas été le cas cette fois. Mais cela ne m’étonne plus de nos gouvernants africains ; en situation de crise, ils trouvent toujours un bouc émissaire. Désolé donc pour vous M. le directeur de CHU de Cocody! Vous êtes le wagon du train qui pouvait être détaché sans grand bruit sur le bateau Ivoire ‘émergent’. Vous deviez vous y attendre cher directeur puisqu’il est très rare pour nos dirigeants africains de débarquer leurs compagnons de course quand bien même ils ont commis des fautes lourdes. Sinon comment comprendre que ce n’est qu’après le bruit fait autour de cette affaire qu’on mette en place un plan d’action sanitaire pour la réhabilitation du CHU. Or donc, pendant les Conseils de ministres, notre ministre de la Santé ne parlait pas de l’état défectueux du matériel de travail du CHU. Elle ne savait pas que le scanner de CHU ne marchait plus. Ah oui, c’est normal ! Je parie qu’elle ne se rappelle pas de la dernière fois où elle a mis les pieds au CHU de Cocody. De quoi parlait-elle donc quand la parole lui a été donnée à ces rencontres de ministres ? Je pense que la vie des Ivoiriens ne se limite pas seulement à la lutte contre le sida et à la lutte contre l’excision.  Mais quand tu t’appelles Raymonde Goudou Coffié et que tu es la filleule d’un élément super influent dans le navire Ivoire, on ne peut pas te débarquer aussi facilement que cela. Je comprends au fil des années, cette portion de la chanson du groupe Zouglou Espoir 2000 : « Aujourd’hui à Abidjan, relation est mieux que diplômes…ton papa n’est pas docteur tu ne peux pas être infirmier, tu veux, tu veux pas, le pays est dirigé » et c’est vraiment dommage pour une nation qui se veut « émergente » à l’horizon 2020′. Sous d’autres cieux, par amour de leur pays, certains auraient démissionné. Mais chez nous, ce mot n’existe pas dans le dictionnaire de nos ministres. Et pour sévir, le gouvernement tape sur le maillon le plus faible, celui qui n’a pas de parrain ou de marraine influent. Yako à tous ceux comme qui comme nous n’ont pas de parrain aux ‘bras long’.

Pour finir, je vais seulement dire aux autorités de ce pays que l’ « émergence » doit passer aussi par la justice dans la responsabilité des fautes et la répartition égale des sanctions.

Ministre de la santé de Côte d'Ivoire
Ministre de la santé de Côte d’Ivoire

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